Diurétiques thiazidiques et apparentés
Considérations générales
2 types de diurétiques qui se distinguent par leur durée d’action
- Apparentés (à action prolongée) : chlorthalidone, indapamide
- Thiazidiques (à courte d’action) : hydrochlorothiazide
Mécanisme d’action
- Inhibition du symporteur Na-Cl dans la partie proximale du tubule distal, donc diminution de la réabsorption de NaCl et diurèse
- Effet vasodilatateur par action directe sur les muscles lisses des vaisseaux
Contre-indications
- Antécédent de réaction allergique ou intolérance connue aux diurétiques thiazidiques ou apparentés
- Anurie
Effets indésirables les plus fréquemment rencontrés
- Hyperuricémie
- Hypokaliémie
- Hyponatrémie
- Hypomagnésémie
- Hypercalcémie
- Insuffisance rénale
- Dysfonction sexuelle (homme)
- La pollakiurie est un effet indésirable souvent rapporté, à tort, avec les diurétiques thiazidiques. Considérant que ce type de diurétique réabsorbe seulement 6-8 % du sodium filtré au tubule contourné distal (différent des diurétiques de l’anse) et que leur action vasodilatatrice devient prédominante au fil des semaines, l’effet diurétique des thiazidiques est donc très modeste et présent seulement les premières semaines de traitement.
Interactions médicamenteuses les plus significatives
- AINS (coxibs ou non-coxibs) :
↓ effet antihypertenseur et ↑ créatinine - Corticostéroïdes :
↑ risque d’hypokaliémie et ↓ effet antihypertenseur - Digoxine :
↑ risque de toxicité à la digoxine relié aux perturbations électrolytiques - Hypoglycémiants oraux et insuline :
↑ possible de la glycémie - Lithium :
↑ lithémie (risque de toxicité accrue) - Inhibiteurs du SGLT2 : peut accroître le risque de déshydratation et/ou d’hypotension
Avant le début du traitement antihypertenseur
- Les électrolytes (ions), la créatinine doivent être obtenus.
Pendant la phase d’entretien du traitement
- Une mesure de la créatinémie et des électrolytes (ions) est recommandée environ 10-14 jours après le début de la prise. La créatinémie et les électrolytes (ions) peuvent être répétées après l’augmentation de la dose des diurétiques selon les résultats antérieurs et l’état clinique.
Élimination
- Ils sont éliminés principalement par voie rénale, sauf l’indapamide qui a aussi un métabolisme hépatique.
Précautions
- Goutte (surveillance recommandée de l’acide urique et des symptômes).
- Le médicament doit être cessé temporairement si présence de signes de déshydratation (vomissements, diarrhées importantes) afin d’éviter une insuffisance rénale aiguë.
- L’allergie aux sulfamidés n’est pas une contre-indication à l’utilisation des diurétiques. Le risque d’allergie croisée entre les sulfamidés antibiotiques et les sulfamidés non antibiotiques comme les diurétiques n’est pas appuyé par la littérature scientifique.
- L’indapamide pourrait allonger l’intervalle QT surtout en présence d’hypokaliémie. Pour éviter d’augmenter le risque de torsades de pointe, il ne doit pas être prescrit en présence d’un intervalle QT long congénital et il doit être utilisé avec prudence chez les patients ayant plusieurs facteurs de risque d’allongement de l’intervalle QT. Se référer au pharmacien pour une évaluation plus approfondie des autres facteurs de risque du patient.
Ajustement des doses
- Ajustement aux intervalles de 4 semaines
- Si cible non atteinte à la suite de la prise d’une dose moyenne, il est suggéré d’ajouter un agent d’une autre classe thérapeutique (ex. : IECA ou ARA) et d’ajuster au besoin.
Particularités
- Les diurétiques thiazidiques ou apparentés sont les diurétiques les plus efficaces pour le traitement de l’hypertension, même lorsque la fonction rénale est compromise.
- Les diurétiques de l’anse ne sont généralement pas de bons antihypertenseurs (ex. : furosémide). Ils ne devraient être utilisés que chez les patients pour lesquels une hypervolémie est présente, particulièrement lorsque le DFG estimé est < 30 ml/min/1,73m2.
Tableau d’ajustement proposé des doses habituelles de diurétiques thiazidiques et apparentés dans le traitement de l’HTA
DIURÉTIQUES | MARQUE DE COMMERCE | AJUSTEMENT DES DOSES HABITUELLES | |||||||||||||||||||||
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DIURÉTIQUES APPARENTÉS AUX THIAZIDES (à action prolongée) :** | |||||||||||||||||||||||
Chlorthalidone | Hygroton* | 12,5 → 25 mg die | |||||||||||||||||||||
Indapamide | Lozide* | 1,25 → 2,5 mg die | |||||||||||||||||||||
DIURÉTIQUES THIAZIDIQUES (à courte action) | |||||||||||||||||||||||
Hydrochlorothiazide (HCTZ) | Hydrodiuril* | 12,5 → 25 mg die |
Notes : des doses de départ plus faibles peuvent être utilisées chez les personnes âgées ou chez celles avec une fonction rénale diminuée. Lorsque 50 % de la dose maximale est atteinte, il faut penser associer un agent d’une autre classe thérapeutique.
* de nombreuses formulations génériques sont disponibles.