L’hypertension de blouse blanche ou de sarrau blanc (« white coat hypertension ») est définie comme une tension artérielle élevée en clinique ou au bureau du médecin mais normale en d’autres circonstances (travail, bureau, etc.). Un certain nombre d’études ont démontré que cette condition semblait être associée à un risque faible d’accident vasculaire cérébral (AVC). Toutefois, on retrouve peu de données publiées sur les effets à long terme de cette condition clinique.
Une étude récente a été effectuée à partir de 4 différentes cohortes provenant des États-unis, de l’Italie et du Japon. Sur la base d’une épreuve de monitoring ambulatoire de la tension artérielle, les 4406 patients avec une tension artérielle élevée en clinique ont été répartis en 2 groupes soit 3958 sujets avec hypertension confirmée en ambulatoire (HA) et 448 sujets avec une tension ambulatoire normale (tension artérielle moyenne de jour ƒ¬ 130/80 mm Hg) donc une hypertension de blouse blanche (HBB). Les sujets ont été suivis pendant une période médiane de 5,4 ans et ils ont été comparés avec 1549 sujets normotendus. L’objectif principal de l’étude consistait à vérifier la survenue d’un AVC. Après le suivi correspondant à la durée de l’étude, on a répertorié 213 nouveaux cas d’AVC. On a rapporté un taux d’événement (par 100 personnes/année) de 0,35 pour le groupe normotendu, de 0,59 pour le groupe HBB et de 0,65 pour le groupe avec HA. À la suite d’une analyse multivariée qui a permis l’ajustement pour différentes variables (tabagisme, IMC, cholestérol, etc.), le risque d’AVC était de 1.15 (IC 95%; 0,61-2,16), donc non significatif, pour le groupe HBB et de 2,01 (IC 95%; 1,31-3,08) pour le groupe HA, en comparaison avec le groupe de patients normotendus. Malgré, une augmentation non significative du risque global chez le groupe HBB, on dénotait une nette tendance à un accroissement du risque à partir de la 6ème année de suivi. La courbe du groupe HBB recoupait même celle du groupe avec HA lors de la 9ème année de suivi. Ces résultats étaient indépendants de l’âge, du sexe, du tabagisme et de la prise de médicaments antihypertenseurs.
Cette étude confirme donc que l’hypertension de blouse blanche pourrait ne pas être une condition dépourvue de risque à long terme et qu’il est important d’effectuer un suivi étroit de ces patients. De plus, elle vient appuyer l’utilité du monitoring ambulatoire de la tension artérielle comme mesure de dépistage et de suivi de tous les patients hypertendus dont notamment ceux présentant un syndrome de blouse blanche.
Luc Poirier, B. Pharm, MSc.
Référence :
Verdecchia P, Reboldi GP, Angeli F et coll. Short- and Long-Term Incidence of Stroke in White-Coat Hypertension. Hypertension 2005 ; 45: 203-208.
Veuillez noter que le contenu de cet éditorial reflète l’opinion de son ou de ses auteurs.