Dans le numéro du 27 novembre 2004 du British Medical Journal, Strauss et Verma1 publiait un éditorial faisant état d’une augmentation de l’incidence des infarctus du myocarde chez les patients traités avec des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA). Les données étaient présentées dans le cadre d’un éditorial de 2 pages et rapportaient des résultats extraits de diverses études suggérant une augmentation significative des infarctus du myocarde par rapport au placebo et à des comparateurs actifs tels les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA). Les auteurs recommandaient même aux médecins de discuter de ce risque avec leurs patients. Cet article a depuis fait couler beaucoup d’encre dans la littérature et le débat entourant l’utilisation des IECA et des ARA a repris une certaine vigueur dans la communauté scientifique. Le British Medical Journal publie dans son numéro du 15 octobre une revue systématique des études entourant l’utilisation des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine chez les patients à haut risque cardiovasculaire2. Les auteurs ont révisé la littérature disponible en utilisant principalement les bases de données reconnues telles Medline, Embase et Cochrane. Ils ont ainsi retenu un total de 19 études avec groupe contrôle, avec des indications cardiovasculaires diverses et regroupant plus de 31,000 patients. De celles-ci, 11 études rapportaient un groupe comparateur placebo et 9 études effectuaient une comparaison entre les IECA et les ARA. Les résultats de ces études ont ensuite été inclus dans l’analyse en accordant un score à chacune des études en fonction de sa qualité. L’analyse des résultats de ces études infirment les conclusions de Verma et Strauss. Ainsi, le risque calculé par rapport au placebo était de 0.94 (IC 95%; 0.75, 1.16) alors qu’il se révéla de 1.01 (IC 95% ; 0.87, 1.16) par rapport aux IECA. Les auteurs concluent que, malgré le fait que les IECA demeurent le traitement de choix dans la prévention de l’infarctus du myocarde, leurs données peuvent rassurer les cliniciens et les patients par rapport à la sécurité des ARA. Un élément de plus à ajouter dans l’éternel débat, IECA ou ARA…
Luc Poirier, B. Pharm, MSc.
Référence :
1Verma S, Strauss M. Angiotensin receptor blockers and myocardial infarction. BMJ 2004;329 :1248-9
2McDonald MA, Simpson SH, Ezekowitz JA’ Gyenes G, Tsuyuki RT. Angiotensin receptor blockers and risk of myocardial infarction :systematic review.
Veuillez noter que le contenu de cet éditorial reflète l’opinion de son ou de ses auteurs.