Le concept de « courbe en J » en HTA est sujet de débat depuis de nombreuses années. On entend par « courbe en J » que le risque cardio-vasculaire associé à la TA serait augmenté avec des TA élevées, mais aussi lorsque la TA est trop basse. Kannel et ses collaborateurs ont voulu évaluer ce concept et tenter d’y trouver une explication en analysant la cohorte de Framingham.
Plus de 7000 sujets sans événements cardio-vasculaires préalables ont été inclus et suivis 12 ans. Environ 1000 événements cardio-vasculaires se sont produits durant le suivi. Chez les sujets avec des TA systoliques < 140 mmHg, le risque d’événement cardiovasculaire est directement proportionnel à la TA diastolique. Par contre, chez les sujets avec des TA systoliques > 160 mmHg, l’inverse se produit : plus la TA diastolique est basse, plus le risque d’événements cardio-vasculaires est élevé.
Il semble donc que l’augmentation du risque cardio-vasculaire avec des TA diastoliques basses ne se retrouve que chez les sujets avec TA systolique élevée, et que ce concept de « courbe en J » n’existerait que chez les HTA systoliques, reflété par une pression pulsée plus élevée. Il semble donc que l’augmentation du risque cardio-vasculaire à des niveaux de TA diastolique bas soit plutôt la conséquence d’une pression pulsée élevée, et donc retrouvée qu’avec des TA systoliques élevées, plutôt qu’un effet délétère du traitement anti-hypertenseur ou un biais de sélection de sujet « malade » pour d’autres raisons comme on pensait antérieurement. Une controverse à suivre.
Luc Lanthier, MD, MSc, FRCPC.
Référence :
Kannel WB, Wilson PWF, Nam BH et coll. A likely explanation for the J-curve of blood pressure cardiovascular risk. Am J Cardiol 2004 ; 94 : 380-384.
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