L’étude ALLHAT (Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial) 1 publiée en décembre 2002 fait encore parler d’elle, avec la publication ce mois-ci de deux sous-études, l’une portant sur les issues rénales de l’étude 2, l’autre portant sur l’analyse des sujets afro-américains inclus dans l’étude 3.
La sous-étude sur les issues rénales est en fait une analyse post hoc de ALLHAT. On a voulu savoir si le traitement à base de chlorthalidone, comparé au traitement d’amlodipine ou de lisinopril, entraînait une différence dans les complications rénales. Les issues étudiées étaient l’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) et la réduction de 50 % du taux de filtration glomérulaire (TFG). On a stratifié les sujets en trois groupes de sévérité de l’atteinte rénale de base (TFG normal, TFG légèrement diminué ou TFG modérément/sévèrement diminué). Parmi les 42 448 sujets inclus, 448 ont développé une IRCT. Il n’y a pas eu de différence de survenue de complications rénales entre les traitements amlodipine/chlorthalidone et lisinopril/chlorthalidone, et ce peu importe l’importance de l’atteinte rénale à la base. À 4 ans, le TFG était de 3-6 mL/min supérieur dans le groupe de sujets sous amlodipine comparé à la chlorthalidone.
La sous-étude sur les sujets afro-américains ne présente pas non plus de grande surprise. Cette analyse était préspécifiée dans ALLHAT. On se souvient que 35 % des sujets inclus dans ALLHAT étaient noirs. On se souvient aussi qu’il n’y avait aucune différence dans la survenue de l’issue primaire dans ALLHAT (mortalité cardiaque et infarctus du myocarde), peu importe la race. Pour la comparaison amlodipine/chlorthalidone, la seule issue secondaire différente entre les traitements était la survenue d’insuffisance cardiaque, plus fréquente sous amlodipine, et ce, aussi bien chez les noirs que les autres. Par contre, pour la comparaison lisinopril/chlorthalidone, des différences selon la race ont été notées pour le contrôle de la TA systolique (moins bonne chez les noirs) et pour la survenue d’AVC et d’issues cardiovasculaires combinées (plus fréquente chez les noirs, et non significative chez les autres). Pour l’insuffisance cardiaque, elle était plus fréquente chez les noirs (1,30, IC 95 % 1,09-1,54) que chez les autres (RR 1,13 (IC 95 % 1,00-1,28), mais sans interaction significative selon la race.
Ces données nouvelles viennent donc renforcer les consensus actuels, qui nous disent que les plus important est probablement de bien contrôler la tension artérielle, peu importe l’agent utilisé, bien que les IECA soit plutôt à considérer comme un agent de deuxième ligne chez les afro-américains.
Luc Lanthier, MD, MSc, FRCPC.
Référence :
1 The ALLHAT Officers and Coordinators for the ALLHAT Collaborative Research Group. Major Outcomes in High-Risk Hypertensive Patients Randomized to Angiotensin-Converting Enzyme Inhibitor or Calcium Channel Blocker vs Diuretic. The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial (ALLHAT). JAMA 2002 ; 288 : 2981-97.
2 Rahman M, Pressel S, Davis BR, et coll, for the ALLHAT Collaborative Research Group. Renal outcomes in high-risk hypertensive patients treated with an angiotensin-converting enzyme inhibitor or a calcium channel blocker vs a diuretic. Arch Intern Med 2005 ; 165 : 936-946.
3 Wright JT, Dunn JK, Cutler JA et coll. Outcomes in Hypertensive Black and Nonblack Patients Treated With Chlorthalidone, Amlodipine, and Lisinopril. JAMA 2005 ; 293 : 1595-1608.
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