L’étude SCOPE (Study on Cognition and Prognosis in Elderly hypertensives), présentée le 27 juin dernier au congrès de l’SH/ESH à Prague, n’a pas été à la hauteur des attentes. En effet, cette étude qui visait à comparer l’efficacité d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA), le candesartan (Atacandâ ) par rapport à un placebo n’a pas démontré de diminution significative dans la survenue d’événements cardiaques majeurs (combinaison d’infarctus, AVC et mortalité cardiaque étant l’issue primaire de l’étude). Pourquoi cette étude ? Premièrement, peu d’études sur des issues cliniques majeures sont disponibles avec les ARA (seulement une en fait, l’étude LIFE). Deuxièmement, il existe très peu d’études avec les ´ nouveaux ª anti-hypertenseurs chez les sujets âgés. Troisièmement, il y a peu d’études qui ont évalué le traitement de l’HTA chez les sujets de plus de 80 ans (21 % des sujets ont ³ 80 ans dans SCOPE).
Cette étude effectuée chez 4937 sujets âgés de 70 à 89 ans avec fonction cognitive normale et TAS 160-179 et/ou 90-99 mmHg était supposé à l’origine être contrôlée par placebo. Pour des raisons éthiques l’utilisation du placebo étant de plus en plus restreinte, seulement 16 % des sujets sous placebo n’était pas sous anti-hypertenseur, ce qui a eu pour effet de diminuer la survenue d’événements dans ce groupe. D’ailleurs, la baisse de TA a été de 21,7/10,8 dans le groupe candesartan et de 18,5/9,2 dans le groupe placebo, pour une différence de TA entre les 2 groupes de seulement 3,2/1,6 mmHg.
L’âge moyen des sujets était de 76 ans et la TA de base de 166/90 mmHg, dont 30 % avec HTA systolique isolée. Le suivi moyen fut de 4,1 ans et la TA visée était une TAS de < 160 et une TAD de 85 mmHg. Parmi les 2477 sujets sous candesartan, 238 ont présenté une issue primaire contre 266 des 2460 sujets sous ´ placebo ª (réduction du risque relatif de 10,9 %, p = 0,19, non significatif). Il y a eu moins d'AVC non fatal dans le groupe candesartan (68 versus 93), mais pas de différence statistiquement significatif pour les AVC totaux, les infarctus du myocarde, la mortalité ou même pour la survenue de démence (une issue secondaire dans SCOPE) avec le candesartan. Même s'il faudra attendre la publication de l'étude pour porter des conclusions définitives, certains points méritent d'être soulevés. Le fait que le groupe placebo ait été ´ contaminé ª par des thérapies anti-hypertensives a fortement diminué la puissance de l'étude et les conclusions que l'on peut en tirer. On devrait peut-être voir cette étude comme une étant une comparaison díun traitement actif à un autre traitement actif, un peu comme LIFE (et ses 9193 sujets). D'ailleurs, la diminution de 10,9 % de l'issue primaire est semblable à celle 13 % notée dans LIFE, même si à strictement parler cette comparaison n'est pas possible, les sujets étant différents à la base. À suivre ... Luc Lanthier, MD, MSc, FRCPC