L’étude LIFE (Losartan Intervention For Enpoint reduction in hypertension), présentée à l’ACC et publiée dans le Lancet du 23 mars dernier, confirme qu’un traitement à base de losartan (Cozaar), un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA), est plus efficace pour diminuer la morbidité cardio-vasculaire qu’un traitement à base d’aténolol, un bêta-bloquant.
Cette étude multicentrique, randomisée, contrôlée à double insu qui s’est déroulé en Scandinavie, aux Royaume-Uni et aux États-Unis, portait sur 9193 sujets âgés de 55 à 80 ans avec HTA essentielle (TA 160-200/95-115 mmHg) et hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) déterminée à l’ECG. Les sujets ont reçu le losartan (± d’autres agents pour viser une TA < 140/90) ou l'aténolol (± d'autres agents) sur une période moyenne de 4,8 ans. La TA de 174/98 au départ a diminué de façon importante et équivalente dans les 2 groupes. L'issue primaire consistant en une combinaison de mortalité cardio-vasculaire, d'AVC ou d'infarctus du myocarde est survenue chez 508 des 4605 sujets sous losartan et chez 588 des 4588 sujets sous aténolol (RR 0,87, IC 95 % 0,77-0,98, p= 0,021, NNT 56). Une large part de ce bénéfice est attribuable à l'importante diminution des AVC dans le groupe losartan (232 versus 309 respectivement). Par ailleurs, dans le sous-groupe de sujets diabétiques, les résultats sont encore plus saisissants. Une issue primaire est survenue chez 103 des 586 sujets diabétiques sous losartan contre 139 des 609 sujets diabétiques sous aténolol (RR 0,76, IC 95 % 0,58-0,98, p = 0,031, NNT 19). Une diminution significative de la mortalité cardio-vasculaire et de la mortalité totale a aussi été noté dans ce sous-groupe. Les implications de cette étude sont importantes. Il s'agit en effet de la première étude à démontrer qu'un "nouvel " anti-hypertenseur est plus efficace qu'un "ancien" (diurétique ou bêta-bloquant) chez un groupe de sujets hypertendus. Il s'agit aussi de la première étude analysant les effet d'un ARA sur des issues cliniques majeures en hypertension artérielle. Quelques questions demeurent : est-ce un effet de classe pour tous les ARA ? Est-ce que les résultats de LIFE peuvent s'extrapoler aux sujets hypertendus à risque plus faible ? Seules les études à venir pourront répondre à cela. Luc Lanthier, md, MSc, FRCPC
Références:
Dahlöf B, Devereux RB, Kjeldsen SE et coll. Cardiovascular morbidity and mortality in the Losartan Intervention For Endpoint reduction in hypertension study (LIFE): A randomised trial against atenolol. Lancet 2002; 359: 995-1003.
Lindholm LH, Ibsen H, Dahl–f B et coll. Cardiovascular morbidity and mortality in patients with diabetes in the Losartan Intervention For Endpoint reduction in hypertension study (LIFE) : A randomised trial against atenolol. Lancet 2002; 359: 1004-10.