Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA) sont considérés comme des traitements de choix des sujets avec maladie rénale et recommandés dans de nombreux consensus comme traitement de première ligne. On leur prête des vertus rénoprotectrices « au-delà » de leur effet antihypertenseur. Un groupe britannique1 a voulu évaluer si ces recommandations étaient basées sur des évidences solides.
Les chercheurs ont révisé la littérature et mis en commun les études disponibles dans une méta-analyse comprenant 127 études et 73 514 sujets. Si l’on compare l’effet du traitement à base d’IECA ou ARA versus un autre traitement antihypertenseur, le risque relatif de doublement de la créatinine est de 0,71 (IC 95 % 0,49-1,04, p = 0,07) et le risque relatif d’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) est de 0,87 (IC 0,75-0,99, p = 0,04), suggérant un léger bénéfice en faveur des IECA/ARA. Chez les sujets avec néphropathie diabétique, il n’y a pas de bénéfice démontré avec les IECA/ARA par rapport aux autres traitements antihypertenseurs sur le doublement de la créatinine (1,09, IC 0,55-2,15), l’IRCT (0,89, IC 0,74-1,07), sur le taux de filtration glomérulaire ou sur la créatinine. Les études comparant les IECA/ARA au placebo sont celles démontrant les plus grands bénéfices rénaux, mais sont aussi associées à des baisses tensionnelles supérieures en faveur des IECA/ARA.
Selon les auteurs, il semble que la plus grande partie du bénéfice d’un traitement à base d’IECA ou ARA soit due à leur effet antihypertenseur. Chez les sujets diabétiques, l’effet rénoprotecteur « au-delà » de la baisse tensionnelle reste non prouvé, et chez les non-diabétiques, cela reste incertain.
Luc Lanthier, MD, MSc, FRCPC.
Références
1 Casas JP, Chua W, Loukogeorgakis S et coll. Effect of inhibitors of the renin-angiotensin system and other antihypertensive drugs on renal outcomes. Lancet 2005 ; 366 : 2026-2033.