Dans une méta-analyse extensive de la littérature médicale récente, Salpeter a évalué l’impact des bêta-bloquants cardiosélectifs chez les patients avec MPOC bronchospastique ou asthme. Comme les bêta-bloquants cardiosélectifs ont une affinité beaucoup moins grande pour le récepteur b 2, le risque de bronchoconstriction est théoriquement inférieur avec ces agents. Pour ce faire, toutes les études randomisées contrôlées à double insu qui évaluaient l’effet du médicament sur le VEMS, les symptômes ou l’utilisation de d’agonistes b 2 ont été incluses.
Dix-neuf (19) études avec un traitement unidose et 10 études avec traitement continue de bêta-bloquants cardiosélectifs ont été retenues. L’administration d’une dose de bêta-bloquants diminue le VEMS de 7,46 % et augmente de 4,63 % la réponse aux agonistes b 2, sans augmentation significative des symptômes. L’administration chronique de bêta-bloquants (3 jours à 4 semaines) ne change pas le VEMS, n’entraîne pas d’augmentation d’utilisation de bronchodilatateurs et ne cause pas de symptômes, mais augmente de 8,74 % la réponse aux agonistes b 2. Dans le sous-groupe avec MPOC concomitante, aucun effet des bêta-bloquants cardiosélectifs sur la symptomatologie ou le VEMS n’a été noté.
En conclusion, il semble que l’utilisation de bêta-bloquants cardiosélectifs chez des sujets avec maladie bronchospastique (asthme ou MPOC bronchospastique) soit sécuritaire et n’entraîne pas de détérioration de la symptomatologie clinique ou de la valeur de VEMS. Il faut quand même rester prudent avec des sujets à haut risque (histoire d’intubation antérieure sur bronchospasme, bronchospasme aigu actif, …) car ceux-ci n’avaient certainement pas été inclu dans les études individuelles qui ont été regroupé dans la méta-analyse.
Jovette Morin, MD, FRCPC
Luc Lanthier, MD, MSC, FRCPC
Références:
Salpeter SR, Ormiston TM, Salpeter EE. Cardioselective b-Blockers in Patients with Reactive Airway Disease: A Meta-Analysis. Ann Intern Med 2002 ; 137 : 715-25.