Afin d’améliorer la qualité du contrôle de l’hypertension artérielle et de son traitement, le Programme Educatif Canadien sur l’Hypertension (PECH) a été mis sur pied en 1999. Cet organisme révise annuellement les lignes directrices du traitement de l’hypertension afin de rendre disponibles aux différents professionnels de la santé les données probantes les plus récentes en ce qui a trait à la prise en charge du patient atteint d’hypertension artérielle. Afin de vérifier l’impact du PECH sur la gestion globale du patient hypertendu, deux études ont été menées en Ontario sur les habitudes de prescription des médecins. Dans la première étude, tous les patients atteints d’hypertension et recevant une médication ont été évalués alors que l’autre étude incluait tous les patients gés de plus de 65 ans et ne souffrant pas de diabète. Ces deux études démontrent des résultats intéressants en terme d’impact sur la prise en charge de l’hypertension. En effet, à partir de 1999, on a identifié un accroissement annualisé significatif des prescriptions d’agents antihypertenseurs. Cette augmentation est passée de 2% par année à plus de 10% par année et ont été retrouvées avec pratiquement toutes les classes d’agents dont notamment une augmentation de 6.5 fois de la prescription des diurétiques thiazidiques. Chez le groupe d’hypertendus gés sans diabète, on a dénombré une augmentation annuelle de 6% par année à partir de 1999 alors que le taux de prescription était stable auparavant. Concernant l’utilisation de combinaisons à doses fixes, on a dénoté à partir de 1999 un accroissement significatif de 13.5% par année à l’exception des bta-bloquants pour lesquels on a observé une diminution de la prescription confirmant la recommandation du CHEP à cet égard. Sans pouvoir démontrer hors de tout doute une relation de cause à effet entre la mise sur pied du CHEP et les modifications du profil de prescription des agents antihypertenseurs chez la population ontarienne depuis 1999, les résultats de ces études suggèrent des bénéfices tangibles associés à un programme de transfert de connaissances quant à la prise en charge des patients hypertendus. Les auteurs soulignent finalement la mise en úuvre d’une étude qui tentera de définir les impacts du CHEP en terme de contrle de la tension artérielle et de réduction potentielle de la morbidité/mortalité associées.
Luc Poirier, B. Pharm, MSc.
Références
Campbell NR, Tu K, Brant R, Duong-Hua M, McAlister FA; Canadian Hypertension Education Program Outcomes Research Task Force. The impact of the Canadian Hypertension Education Program on antihypertensive prescribing trends. Hypertension. 2006 Jan;47(1):22-8.