De nombreuses études cliniques ont démontré les bénéfices de la consommation d’aliments dérivés des plantes pour l’amélioration de la santé cardiovasculaire. Parmi ceux-ci, le cacao pourrait être un important médiateur puisqu’il a démontré des effets bénéfiques sur la tension artérielle et la résistance à l’insuline ainsi que sur les fonctions plaquettaire et vasculaire. En effet, le cacao a été reconnu pendant des siècles comme un aliment possédant des propriétés divines, comme l’indique le nom de l’arbre à cacao appelé Theo- (Dieu) broma (boisson) cacao. De nos jours, le chocolat, tel qu’on le connaît, est plutôt associé à la carie dentaire, à l’obésité, au diabète et à l’hypertension. Pourtant, de nouvelles données portant notamment sur les composés phénoliques qu’il contient, dont les flavonoïdes, pourront possiblement nous inciter à revoir nos positions.
Corti et coll.1 dans la revue Circulation publient un article de fond sur les propriétés du cacao ainsi que sur les mécanismes pouvant expliquer ses actions. D’un point de vue épidémiologique, quelques études ont démontré une réduction jusqu’à 50% du risque de mortalité cardiovasculaire et totale chez les individus qui consommaient des quantités importantes de cacao par rapport aux non-utilisateurs. D’un point de vue mécanistique, il semble que différents composés polyphénoliques dont les flavonoïdes et plus particulièrement les flavanols seraient impliqués. Les catéchines et les épicatéchines, principaux flavanols contenus dans les fruits, seraient les substances responsables de la diminution de la tension artérielle et de la réactivité plaquettaire ainsi que des effets bénéfiques sur la sensibilité à l’insuline et la fonction vasculaire. Toutefois, les processus de transformation de la fève de cacao ainsi que le mode de culture auraient un impact significatif sur le contenu en flavanols du chocolat. En effet, la transformation de la fève de cacao par fermentation ou torréfaction de même que l’addition de lait au chocolat réduisent de façon très significative son contenu en flavanols.
Les auteurs consacrent une grande partie de l’article aux différentes études in vitro sous-tendant les propriétés bénéfiques du cacao. Des études in vivo ont aussi démontré que la consommation de cacao induisait une augmentation de plus du tiers du pool circulant de NO en diminuant sa dégradation à court terme et en augmentant sa production à plus long terme. Au-delà de ses effets sur le NO, le cacao aurait aussi des propriétés anti-oxydantes en agissant sur la production de radicaux libres. De la même façon, ses effets sur le NO ainsi qu’une possible inhibition de l’enzyme de conversion de l’angiotensine pourraient expliquer les effets du cacao sur la réduction des tensions artérielles systolique/diastolique et ce, jusqu’à 4.7/2.8 mm Hg.
Les auteurs concluent en mettant en garde sur la prise de poids possible reliée à la consommation de chocolat commercial (5kcal/g). Ceux-ci suggèrent finalement que la consommation de cacao ou l’utilisation de son élément le plus actif, l’épicatéchine, devront être évalués au sein d’études cliniques randomisées afin d’évaluer les effets bénéfiques réels du cacao sur la santé cardiovasculaire.
Luc Poirier B. Pharm. M. Sc. Pharmacien
Référence
1 Corti R, Flammer AJ, Hollenberg NK, Lüscher TF. Cocoa and Cardiovascular Health. Circulation 2009 ;119 :1433-1441.