IN MEMORIAM – DOCTEUR JACQUES DE CHAMPLAIN (1938 – 2009)
Le docteur Jacques de Champlain est décédé, de façon soudaine et inattendue, le 15 juillet 2009, au Vermont (États-Unis), lorsqu’il se promenait en bicyclette, lors de vacances bien méritées.
Jacques de Champlain est né à Québec, en 1938. Il a obtenu son B.A. au Collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal, en 1957, et son diplôme de médecine à l’Université de Montréal, en 1962. En 1965, il a obtenu son doctorat au Department of Investigative Medicine de l’Université McGill, à Montréal, sous la direction du docteur J.S.L. Browne. Au même moment, il a travaillé au Département de recherche de l’Hôtel-Dieu de Montréal, devenu plus tard l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), sous la direction du Docteur Jacques Genest.
Entre 1965 et 1968, il a travaillé aux États-Unis, aux National Institutes of Health (NIH) à Bethesda (Maryland), au Département de pharmacologie biochimique, dans le domaine des catécholamines et du système sympathique, sous la direction du docteur Julius Axelrod (Prix Nobel de Médecine, 1970).
De retour au Québec, il s’est joint au Département de physiologie de l’Université de Montréal, à titre de professeur et chercheur. Sa recherche s’est concentrée sur les catécholamines et le système sympathique, supportée par des subventions ininterrompues octroyées par le Conseil de recherches médicales du Canada (CRMC), devenu plus tard les Instituts de recherche en santé du Canada (ICRS) et, par la Fondation des maladies du cœur du Canada (FMCC). Il s’est joint au Groupe de recherche en sciences neurologiques du CRMC, puis au Centre de recherche et aux Service de néphrologie et de cardiologie de l’Hôpital du Sacré-Cœur. En 1987, il a fondé le Groupe de recherche sur le système nerveux autonome (GRSNA) de l’Université de Montréal. Depuis 2003, il était professeur émérite de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, et il œuvrait à l’IRCM. À la Clinique d’hypertension de ce dernier, encore jusqu’à hier, à l’âge de 71 ans, il suivait plus de 500 patients hypertendus.
Les recherches sur le système sympathique, pour lesquelles Jacques de Champlain était plus connu au niveau international, se sont étendues plus récemment à d’autres sujets tels que le stress oxydatif, la signalisation intracellulaire et les effets des agents antihypertenseurs chez les animaux expérimentaux et chez les patients hypertendus. Ses travaux ont été présentés à de nombreuses conférences nationales et internationales, et ont fait l’objet de plus de 500 publications dans des journaux scientifiques.
Jacques de Champlain a été très actif au sein de nombreuses organisations scientifiques. Il a été membre fondateur de la Société canadienne d’hypertension artérielle et en a été son deuxième président. Il a été membre fondateur de la Société québécoise d’hypertension artérielle et en a été son président en 1997-1998. Il a été très actif au sein du CRM, ICRS, FMCC, de la Fondation des maladies du cœur du Québec ainsi qu’au sein de la Société canadienne de cardiologie. Il a été le président du Comité organisateur du 13e congrès de la Société internationale d’hypertension artérielle, qui s’est tenu à Montréal en juin 1990, qui a attiré 5 000 participants provenant de partout dans le monde, et qui a connu un succès extraordinaire. Il a été invité à faire partie du comité éditorial de nombreux journaux scientifiques, et il était dernièrement éditeur associé du Journal of Hypertension.
Grâce à l’ampleur et à l’impact de son œuvre scientifique, Jacques de Champlain a été lauréat de nombreux prix et distinctions. Entre autres, il a reçu le prix Léo-Parizeau de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) en 1990, le Research Achievement Award, de la Société canadienne de cardiologie, aussi en 1990, le Prix du mérite scientifique de la Société canadienne d’hypertension en 1991, et le prix commémoratif Izaak-Walton-Killam en médecine du Conseil des arts du Canada en 1991. En 1993, il a été élu membre de la Société royale du Canada au sein de l’Académie des sciences. En 1994, il a reçu la médaille McLaughlin de la Société royale du Canada, et en 1996, le prix Wilder-Penfield (Prix du Québec). L’Association des médecins de langue française du Canada lui a conféré, en 1998, le Prix de l’œuvre scientifique. Il a été nommé Officier de l’Ordre du Canada, en 1997, et de l’Ordre National du Québec, en 1999. En 2001, il a été nommé Fellow de l’American Heart Association (il était Fellow du Council for High Blood Pressure Research de l’American Heart Association depuis 1983) et en 2005, Fellow de l’Académie canadienne de sciences de la santé.
Depuis son retour à Montréal, Jacques de Champlain a été entouré d’étudiants en physiologie qui l’admiraient et le suivaient avec fidélité et pour qui il était un mentor, un exemple et une source d’inspiration. Il a, en fait, dirigé les travaux de 27 étudiants à la maîtrise et de 18 étudiants au doctorat au Département de physiologie de l’Université de Montréal. Il avait un caractère aimable et respectueux, un jugement toujours avisé et positif, et une modestie et une humanité qui attiraient ceux qui le côtoyaient. Doté d’une grande culture, il aimait autant les bons mets que les bons vins. Il était aussi un père de famille très fier, un collègue chaleureux et un ami qu’il faisait toujours bon de rencontrer…
Avec le départ de Jacques de Champlain, nous avons perdu un chercheur remarquable, un être humain extraordinaire et un grand ami qui va nous manquer énormément.
Ernesto L. Schiffrin – Montréal, juillet 2009.