De nombreuses études ont fait état d’une prévalence augmentée d’hypertension artérielle chez les individus avec une obésité. Toutefois, aucun lien de cause à effet n’a pu être clairement identifié puisque tous les sujets obèses ne sont pas nécessairement hypertendus. La revue Hypertension de mars 2005 publie les résultats d’une étude québécoise visant à évaluer les effets contribuant au développement d’une hypertension artérielle dont notamment une adiposité augmentée évaluée au moyen de l’indice de masse corporelle (IMC), le tour de taille, l’insulinémie à jeun et la sensibilité à l’insuline. L’enquête Santé Québec est une vaste étude transversale de population qui vise notamment à évaluer la prévalence ainsi que les causes et conséquences des facteurs de risque cardiovasculaire. L’étude citée ici regroupe un échantillon représentatif de la population québécoise de 1844 personnes soit 907 hommes et 937 femmes. Certaines caractéristiques démographiques extraites de cette population démontrent des personnes âgées en moyenne de 42 ans, ayant un IMC moyen de 25 kg/m2 ainsi qu’un tour de taille moyen d’environ 90 cm chez les hommes et 77 cm chez les femmes. Après stratification de l’échantillon des patients selon le tour de taille et l’IMC, des résultats intéressants ont été retrouvés particulièrement chez les hommes avec un IMC bas (<23.2 kg/m2). Ainsi, si on compare les sujets avec un IMC bas mais avec obésité abdominale (tour de taille ≥ 88 cm) avec ceux n’ayant pas d’obésité abdominale (tour de taille < 88 cm), on démontre une augmentation de tension artérielle de 10 mm Hg chez ces patients (130±18 vs 120±11 mm Hg). Cette augmentation de tension artérielle systolique était comparable à celle observée chez les patients avec une IMC élevée (129 ±14 mm Hg). Par contre, si on regardait l’influence de l’insulinémie à jeun et de la sensibilité à l’insuline, ces deux facteurs ne permettaient pas d’expliquer la variation de tension artérielle observée outre la variation du tour de taille. Cette étude démontre donc un lien possible entre l’obésité centrale causée par une déposition abdominale de tissu adipeux et les variations de tension artérielle. Ce processus pourrait contribuer au développement de complications métaboliques et cardiovasculaires. Ainsi, l’évaluation de l’obésité abdominale par une simple mesure du tour de taille s’avère donc de plus en plus un outil clinique utile et pertinent pour aider à diminuer l’incidence de problèmes cardiovasculaires. Luc Poirier, B. Pharm, MSc. Référence :
Poirier P, Lemieux I, Mauriège P et coll. Impact of Waist Circumference on the Relationship Between Blood Pressure and Insulin : The Quebec Health Survey. Hypertension 2005 ; 45 : 363-367.
Veuillez noter que le contenu de cet éditorial reflète l’opinion de son ou de ses auteurs.