DÉFINITIONS, CLASSIFICATION ET FACTEURS DE RISQUE
Certaines femmes dont la pression artérielle est habituellement normale peuvent faire de l’hypertension durant la grossesse. Il s’agit de l’une des complications les plus courantes qui se produit dans 5 % de toutes les grossesses et 10 % des premières grossesses.
La définition de l’hypertension artérielle durant la grossesse est définie par une pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140 mm Hg et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) ≥ 90 mm Hg lorsque la pression artérielle est mesurée en clinique ou au bureau.
Hypertension chronique (préexistante)
Hypertension artérielle connue avant la grossesse ou qui s’est déclarée avant 20 semaines :
- essentielle pour la plupart, certaines femmes peuvent par contre avoir une cause secondaire.
- dans la plupart des cas, la pression artérielle diminue dès le début de la grossesse pour remonter vers la fin de la grossesse.
- une prééclampsie surajoutée à ce type d’hypertension est possible.
Hypertension artérielle gestationnelle
Hypertension artérielle qui se déclare entre 20 et 40 semaines ou en post-partum et qui disparaît à l’intérieur de six semaines post-partum :
- il s’agit de la forme le plus fréquente d’hypertension en grossesse, apparaissant dans 5 à 6 % des grossesses.
- l’hypertension gestationnelle peut évoluer vers une prééclampsie, surtout si elle présente avant 34 semaines.
Prééclampsie, incluant le syndrome HELLP*
Hypertension artérielle accompagnée d’une protéinurie et/ou de symptômes (ex. : mal de tête, points lumineux, douleur au haut du ventre, enflure rapide) et/ou de résultats anormaux des prises de sang ou d’urine.
La prééclampsie peut parfois s’attaquer au placenta, ce qui nuit à la croissance du bébé :
- elle survient dans 1 à 3 % de toutes les grossesses et peut survenir en post-partum.
*HELLP : terme anglais qui signifie « hémolyse, augmentation des enzymes hépatiques, plaquettes basses – syndrome grave qui génère entre autres une destruction des globules rouges et provoque une anémie »
Butalia et al. Management of Hypertension in Pregnancy
Magee LA, Pels A, Helewa M, et al. Diagnosis, evaluation and management of the hypertensive disorders of pregnancy. Pregnancy Hypertens 2014;4:105-45.
- Première grossesse (10 % de toutes les premières grossesses)
- Première grossesse avec un nouveau partenaire
- Moins de 2 ans ou plus de 10 ans depuis une grossesse antérieure
- Antécédent personnel de prééclampsie
- Antécédents familiaux de prééclampsie (1er degré)
- Présence d’une maladie avant la grossesse (exemple : hypertension, diabète, pathologie rénale, histoire de thrombose ou de lupus érythémateux disséminé…)
- Âge maternel avancé (plus de 40 ans)
- Obésité
- Grossesse multiple (jumeaux – triplés ou autres)
- Traitement de fertilité (fertilisation in vitro – don d’ovule ou de sperme)
- Mort foetale lors d’une grossesse antérieure
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes adultes. Il est utile de rappeler aux femmes qu’il n’y a souvent aucun symptôme pendant plusieurs années jusqu’à ce que la maladie soit avancée et cause des complications tels un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.
L’hérédité joue un rôle important comme facteur de risque, mais elle est malheureusement non modifiable. Par contre, en modifiant les autres facteurs de risque rapidement, il est possible de prévenir et de ralentir la maladie cardiovasculaire et ses conséquences dans 80 % des cas.
Traditionnels
- Hérédité
- Prééclampsie
- Hypertension artérielle chronique
- Diabète
- Surplus de poids et obésité
- Tabagisme
- Dyslipidémie
- Sédentarité
Reliés à la grossesse
Risque faible
- HTA gestationnelle sans comorbidité ou non récidivante (RR : 1,6)
- Prééclampsie non grave à terme (> 37 semaines) sans comorbidité ou récidive (RR : 2,0)
Risque élevé
- HTA gestationnelle avec comorbidité(s) et/ou récidive
- Prééclampsie non grave à terme (> 37 semaines) avec comorbidité(s) et/ou récidive
- Prééclampsie avant terme (> 37 semaines) (RR : 5,36)
- Prééclampsie grave (avant ou à terme) (RR : 2,99)
RR : risque relatif – Comorbidité = facteur(s) de risque traditionnel(s)
- Une femme ayant présenté un trouble hypertensif de la grossesse se trouve plus à risque d’une récidive lors d’une future grossesse.
- Plus la femme présente un grand nombre de facteurs de risque pour un trouble hypertensif de la grossesse, plus son risque de récidive est grand.
- Le risque est particulièrement accru chez une femme présentant une histoire de prééclampsie précoce (avant 34 semaines) ou récidivante.
- Le risque de récidive est moins élevé dans le cas d’une histoire de prééclampsie à terme à 37 semaines ou plus) ou d’une HTA gestationnelle sans complication.
- Si aucune intervention n’est faite, les femmes ayant présenté une prééclampsie précoce ont jusqu’à 40 % de risque de récidive lors d’une future grossesse.
- La moitié de ces récidives seront moins graves et se présenteront plus tard en grossesse.
- Pour les femmes ayant présenté des formes moins précoces et moins graves, entre 15 et 25 % d’entre elles auront une récidive lors d’une grossesse subséquente.
- Il est important de rappeler que ces femmes ont plus de chance d’avoir une grossesse subséquente normale qu’anormale.
Avant la grossesse
- Un délai d’au moins deux ans entre le début de la première grossesse et le début de la suivante permet de diminuer le risque de récidive. Ainsi, il est à conseiller qu’une femme attende que son premier enfant soit âgé d’au moins 15 mois avant de tomber enceinte d’un autre enfant.
- Le surplus de poids faisant partie des facteurs de risque modifiables les plus importants, il est recommandé qu’une femme atteigne son poids santé ou un poids le plus proche possible de celui-ci avant de tomber enceinte.
Pendant la grossesse
- Il est important d’offrir un suivi approprié durant la grossesse, surtout après 20 semaines, qui inclut des visites fréquentes et des échographies pour vérifier la croissance et le bien-être du bébé. La prise de pression artérielle à la maison peut aider à monitorer l’augmentation de la pression artérielle durant la grossesse.
- Un apport suffisant en calcium (3 à 4 portions de produits laitiers par jour) diminue le risque de prééclampsie et est recommandé à toutes les femmes enceintes.
- L’AspirineMD à faible dose (80-120 mg par jour pris préférablement au coucher) peut être prescrit et doit être commencé idéalement entre 8 et 16 semaines de grossesse si la femme est considérée à risque de prééclampsie dès le début de la grossesse.
La patiente ayant présenté une prééclampsie précoce ou grave lors d’une grossesse antérieure devrait être dirigée en médecine obstétricale ou en obstétrique-gynécologie (grossesse à risque élevé) ou en préconception dès le début d’une nouvelle grossesse.