L’adhésion et la persistance au traitement antihypertenseur sont de plus en plus identifiées comme des problèmes importants chez les patients atteints de pathologies chroniques dont notamment l’hypertension artérielle. En effet, selon les études, il appert qu’entre 30 et 70% des patients hypertendus ne prennent pas leur médication telle que prescrite. L’adhésion au traitement appelée aussi observance vise à définir la conformité entre la prescription et la prise réelle de la médication par le patient. Une étude récente évaluant le comportement de différents professionnels de la santé quant à l’évaluation de l’adhésion au traitement démontre que le type de questions posées au patient influence directement la validité de l’information obtenue. Les auteurs recommandent donc l’utilisation de questions ouvertes et interrogatives (ex. « Quels sont les médicaments que vous prenez – ») par rapport à des questions fermées menant à des réponses affirmatives ou négatives (ex. « Avez-vous pris vos médicaments de façon régulière? »). Alors que l’adhésion au traitement est souvent perçue comme un transfert d’informations du professionnel de la santé au patient, nous devons plutôt envisager ce concept afin d’adapter notre traitement aux besoins et aux appréhensions du patient.
Dans un autre ordre d’idées, la persistance au traitement est un concept que l’on définit comme le fait de poursuivre la prise d’un médicament prescrit dans une période de temps donné. Différentes raisons ont été identifiées comme des freins à la persistance au traitement. Une étude récente de Burke et coll. réalisée au Royaume-Uni a tenté d’identifier la persistance générale au traitement antihypertenseur ainsi que l’influence du type d’agent antihypertenseur utilisé. Sur un échantillon de près de 110,000 patients, les auteurs ont identifié un taux d’arrêt de traitement de 20.3% à 6 mois et de 28.5% à un an avec une durée médiane d’arrêt du traitement de 3.1 ans. Le taux d’arrêt à 1 an variait de 29.4% avec les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine à 64,5% avec les diurétiques épargneurs de potassium. De plus, 44% des patients ayant cessé leur traitement avec un premier agent antihypertenseur n’avait pas redébuté leur traitement après 90 jours.
Sur la base des résultats présentés dans les études précédemment citées et étant donné le faible taux de réussite quant au contrôle optimal de la tension artérielle, les professionnels de la santé doivent être conscientisés aux concepts de l’adhésion et de la persistance au traitement comme étant des freins majeurs au succès de la prise en charge des patients hypertendus.
Luc Poirier, B. Pharm. M.Sc.
Référence :
Barbara G. Bokhour, Dan R. Berlowitz, Judith A. Long et coll. How Do Providers Assess Antihypertensive Medication Adherence in Medical Encounters? J Gen Intern Med 2006 ; 21 : 577-583.
Thomas A Burke, Miriam C Sturkenboom, Shou-en Lu et coll. Discontinuation of antihypertensive drugs among newly diagnosed hypertensive patients in UK general practice. J Hypertens 2006 ; 24 : 1193-200.
Veuillez noter que le contenu de cet éditorial reflète l’opinion de son ou de ses auteurs.