De plus en plus d’évidences tendent à prouver que l’apnée du sommeil obstructive est un facteur causal d’hypertension artérielle. Par contre, l’impact du traitement de cette condition par C-PAP sur la pression artérielle n’est pas bien démontré. Une étude allemande1 publiée dans Circulation s’est intéressé à évaluer l’effet du C-PAP chez les sujets avec apnée du sommeil.
Soixante (60) sujets avec apnée du sommeil diagnostiquée à la polysomnographie ont été inclus dans cette étude randomisée contrôlée. Les sujets étaient traité par C-PAP avec pression ajustée ou un C-PAP ´ placebo ª avec une pression insuffisante pour être efficace. La durée moyenne du traitement était de 65 jours. Les sujets subissaient un monitorage ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) avant et après le traitement par C-PAP. L’issue primaire étudiée était le changement de la pression artérielle moyenne avant et après traitement par C-PAP.
Sur les 60 sujets initiaux, seulement 32 sujets ont pu être analysés à la fin de l’étude, principalement à cause de problèmes techniques avec le MAPA. Parmi ces 32 sujets, 8 des 16 sujets dans le groupe C-PAP ´ actif ª étaient hypertendus de base contre 13 des 16 dans le groupe C-PAP ´ placebo ª. La tension artérielle de base était identique dans le 2 groupes. La diminution de TA moyenne a été de 10,5 mmHg après 65 jours de traitement dans le groupe avec C-PAP actif comparativement au groupe contrôle (p = 0,01). La diminution des TA systolique et diastolique a été respectivement de 10,6 et 11,3 mmHg, toute statistiquement significative. Cette diminution des TA a été retrouvé aussi bien le jour que la nuit.
Même si cette étude est imparfaite (simple insu, nombreuses pertes à cause de problèmes techniques, …), il s’agit de la première étude prospective à démontrer qu’un traitement par C-PAP pour une durée prolongée est efficace pour diminuer la pression artérielle. Il reste que l’impact du traitement chez des sujets spécifiquement hypertendus et surtout l’effet de ce traitement sur des issues cliniques majeures restent à établir. De nombreuses études restent donc à venir. À noter que la relation entre HTA et apnée du sommeil fait l’objet d’une revue dans le Chest2 de ce mois-ci.
Jovette Morin, MD, FRCPC
Luc Lanthier, MD, MSC, FRCPC
Références:
1 Becker HF, Jerrentrup A, Ploch T et coll. Effect of Nasal Continuous Positive Airway Pressure Treatment on Blood Pressure in Patients With Obstructive Sleep Apnea. Circulation 2003 ; 107: 68-73.
2 Dart RA, Gregoire JR, Gutterman DD, Woolf SH. The Association of Hypertension and Secondary Cardiovascular Disease With Sleep-Disordered Breathing. Chest 2003 ; 123 : 244-260.
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