POST-PARTUM
Post-partum immédiat (jusqu’à 6 semaines après l’accouchement
Immédiatement après l’accouchement, certaines femmes hypertendues présentent une réduction passagère de la pression artérielle due à la perte sanguine à l’accouchement, après quoi la PA augmente normalement avec la redistribution du liquide extravasculaire.
Le pic de PA survient en moyenne entre 3 à 7 jours après l’accouchement, et parfois jusqu’à 2 semaines.
Chez les femmes dont l’hypertension artérielle est connue (chronique ou préexistante – gestationnelle – prééclampsie), la PA doit être mesurée au moins une fois par jour pour les 7 jours suivant l’accouchement en raison des variations normales de la PA au cours de cette période.
D’autres facteurs, notamment la douleur et les médicaments, peuvent exacerber encore plus cette hausse et mener un pic de la PA vers les 7 jours post-partum.
Autosurveillance de la pression artérielle
Les femmes hypertendues doivent être renseignées sur l’autosurveillance à domicile incluant :
- savoir que la mesure de la PA de façon régulière au cours des 2 premières semaines après l’accouchement permet de détecter l’hypertension gestationnelle et la prééclampsie qui peut survenir après l’accouchement
- connaître les valeurs cibles de la PA
- savoir quand consulter leur professionnel de la santé
Après 6 semaines
La majorité des femmes atteintes d’hypertension gestationnelle ou de prééclampsie présentent une normalisation de la pression, des symptômes cliniques et des anomalies dans les analyses de laboratoire dans les 6 à 12 semaines après l’accouchement.
Si l’hypertension persiste au-delà de 6 à 12 semaines, l’hypertension est considérée comme étant chronique. Cependant, nous observons que chez certaines femmes, l’hypertension peut prendre jusqu’à 6 mois pour redevenir normale.
Il est à noter que la normalisation de la protéinurie peut prendre 6 à 12 mois, selon sa gravité.
Note
Les professionnels de la santé qui font un suivi auprès des femmes après une prééclampsie doivent être attentifs à leur risque accru de troubles de santé mentale post-partum (ex. : dépression, anxiété et trouble de stress post-traumatique) et les prendre en charge en conséquence.
Première année
Un suivi rapproché (par exemple, aux 3 mois) peut aider les femmes présentant un risque élevé de maladies cardiovasculaires à modifier leurs habitudes de vie, cette période étant particulièrement propice aux changements.
Des cliniques de suivi post-partum peuvent contribuer à évaluer et stratifier le risque cardiovasculaire. L’évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire incluent le diabète et la dyslipidémie.
Chez les femmes dont l’hypertension post-partum persiste après l’accouchement, des évaluations doivent être envisagées pour déterminer les causes secondaires telles que:
- apnée obstructive du sommeil
- maladie rénovasculaire (sténose de l’artère rénale, dysplasie fibromusculaire)
- néphropathie parenchymateuse
- hyperaldostéronisme primaire
- hypothyroïdie/hyperthyroïdie
- phéochromocytome – paragangliome
- maladie de Cushing
- hypercalcémie
- coarctation aortique
- drogues et médicaments
Années suivantes
Il est recommandé que les femmes voient leur professionnel de la santé pour un suivi périodique à chaque année ou aux 2 ans.
Il s’agit d’une opportunité pour mesurer la pression artérielle ainsi que d’offrir de l’aide pour perdre du poids et/ou arrêter de fumer.
Tous les 2 ou 3 ans, le diabète et la dyslipidémie devraient être dépistés chez les femmes ayant eu une grossesse compliquée d’hypertension artérielle.
L’hypertension artérielle et la prééclampsie peuvent survenir pour la première fois (de novo) après l’accouchement.
Celles qui présentent une hypertension d’apparition nouvelle ou une aggravation de l’hypertension et/ou des symptômes de prééclampsie doivent être évaluées immédiatement.
- l’hypertension post-partum représente jusqu’à 25 % de tous les THG.
Que l’hypertension artérielle survienne pendant la période prénatale ou de novo après l’accouchement, les valeurs de la PA peuvent être significativement plus élevées qu’avant l’accouchement et elles peuvent parfois correspondre aux valeurs de l’hypertension sévère, soit PAS ≥ 160 mm Hg et/ou PAD ≥ 110 mm Hg.
L’hypertension sévère est associée à un risque important de morbidité et de mortalité maternelles, y compris un risque accru d’AVC.
- l’instauration d’un traitement antihypertenseur d’urgence est recommandée afin de réduire la PA à moins de 160/110 mm Hg à court terme et idéalement, à moins de 140/90 mm Hg.
Les professionnels de la santé doivent conseiller les femmes sur leur risque accru de maladies cardiovasculaires futures :
- facteurs de risque cardiovasculaire : diabète de type 2 – hypertension artérielle chronique – dyslipidémie
- insuffisance rénale chronique
- obésité
- maladies cardiovasculaires : coronaropathie – arythmies – insuffisance cardiaque
- maladies cérébrovasculaires : AVC – accident ischémique transitoire – démence
- maladie artérielle périphérique