L’hypertension résistante au traitement demeure un problème important en pratique médicale. Elle se définit généralement par une non-atteinte de la cible de pression artérielle malgré l’utilisation de 3 agents antihypertenseurs. Différentes stratégies de traitement ont été suggérées : ajout ou intensification des doses de diurétique, ajout de spironolactone, dose optimale de médicaments, diminution de la consommation de NaCl, etc.
Hermida et coll.(1) dans le numéro d’avril 2010 de l‘American Journal of Hypertension ont étudié le rôle de la prise die vs b.i.d. dans le contrôle de l’hypertension résistante au traitement. Plus précisément, ils ont évalué 1794 patients référés à leur clinique pour hypertension résistante au traitement et ils ont séparé ces patients en 2 groupes : le premier groupe représente les patients prenant leur médication le matin seulement et l’autre, ceux qui prennent leur médication le matin et aussi au moins un autre médicament au coucher. Il n’y avait pas de différences dans les facteurs de risque cardiovasculaire ou maladies associées ni dans le nombre de médicaments entre les deux groupes. Un monitoring ambulatoire de pression artérielle (MAPA) a été effectué afin de voir s’il y avait des différences de pression artérielle entre les groupes.
Des 1794 patients, 1306 avaient vraiment une hypertension résistante au traitement confirmée par MAPA et 488 (27%), une pression artérielle contrôlée selon le MAPA. Il y a eu plus de patients ayant une pression artérielle contrôlée (31.9%vs 23%) dans le groupe prenant au moins un médicament au coucher.
Chez les 1306 sujets ayant une hypertension résistante confirmée, ceux qui prenaient au moins un médication au coucher ont eu une pression au MAPA plus basse de 4.1/1.5mm Hg par rapport à ceux prenant leur médication uniquement le matin. C’est la pression artérielle durant la nuit et au matin qui était différente entre les deux groupes.
La prévalence de patients «non-dippers» i.e. ceux dont le ratio des moyennes de pression artérielle éveil/sommeil était inférieur à 10%, a été de 83% chez les patients prenant leur médication uniquement le matin et 41% dans l’autre groupe.
Ces résultats indiquent que le fait de prendre au moins un des antihypertenseurs au coucher est associé à un meilleur contrôle de pression artérielle surtout la nuit et ainsi réduit le pourcentage de « non dippers » ce qui pourrait avoir une importance sur le pronostic cardiovasculaire de ces patients.
Dr Marc Houde
Néphrologue, Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Références
Ramón C. Hermida, Diana E. Ayala, Artemio Mojón, José R. Fernández Am J
Hypertens 2010 ;23 :432-439.