Une grande étude italienne appelée PAMELA pour Pressioni Arteriose Monitorate e Loro Associazioni a été mise de l’avant au début des années 1990. Ainsi, entre 1990 et 1993, 2051 patients ont eu un suivi de leur tension artérielle mesurée de 3 façons soit au cabinet du médecin, en ambulatoire et en auto-mesure à la maison. On a depuis colligé les données de morbidité et de mortalité chez cette cohorte. Au cours de la période de suivi de 148 mois, on a répertorié un total de 69 décès d’origine cardiovasculaire et 233 décès de toutes causes. On a ensuite évalué la relation entre la mortalité et l’augmentation de la tension artérielle en fonction des valeurs de tension artérielle anormales obtenues au moyen des différentes méthodes utilisées. Ainsi, en comparaison avec le fait de présenter une tension artérielle normale au bureau du médecin et en ambulatoire, les données révèlent une augmentation croissante du risque selon que la tension artérielle était élevée au bureau du médecin seulement (hypertension de blouse blanche), en ambulatoire seulement (hypertension masquée) et élevée tant au bureau qu’en ambulatoire. De la même façon, en comparaison avec les sujets dont les chiffres de tension artérielle étaient normaux sur la base des 3 méthodes de mesure, le risque de mortalité cardiovasculaire et de mortalité totale était croissant selon que 1, 2 ou 3 des méthodes de mesure de tension artérielle affichaient des valeurs anormales et ce, peu importe la méthode utilisée. À titre d’exemple, le pourcentage de mortalité d’origine cardiovasculaire était de 0,7% chez les sujets dont les 3 méthodes de mesure donnaient des valeurs normales alors qu’il était respectivement de 2,3%, 4,3% et 8,3% chez les sujets ayant 1, 2 ou 3 méthodes de mesure avec des valeurs de tension artérielle anormales. On a finalement démontré une augmentation progressive de l’indice de masse corporelle, de la cholestérolémie et de la glycémie qui allait dans le même sens que le nombre de méthodes de mesure anormales. Les résultats de cette étude démontrent d’une part que le risque associé à une hypertension de blouse blanche est bel et bien présent et doit être considéré. De plus, ces données confirment le risque associé à une hypertension masquée i.e. une tension artérielle normale au cabinet du médecin mais élevée en ambulatoire. Elles démontrent aussi le lien entre les paramètres métaboliques, la tension artérielle et le risque de mortalité cardiovasculaire et totale. Finalement, cette étude confirme la valeur pronostique des différentes méthodes de mesure de la tension artérielle, méthodes qui sont actuellement recommandées par le Programme Éducatif Canadien sur l’Hypertension.
Luc Poirier, B. Pharm, MSc.
Référence :
G Mancia, R Facchetti, M Bombelli et coll. Long-Term Risk of Mortality Associated With Selective and Combined Elevation in Office, Home, and Ambulatory Blood Pressure. Hypertension 2006 ; 47 : 846-853.
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